Communication

3 postures pour communiquer avec les autres, dont nos enfants

Communiquer avec les autres personnes, dont nos enfants, n’est pas toujours chose facile. Mais nous pouvons apprendre !

Cet article a pour objectif de clarifier ce qu’il se passe dans un dialogue classique et comment on peut le fluidifier et se sentir nourri en profondeur par le partage.

Vous arrive t-il de galérer pour communiquer ? pour être pleinement entendu ? pour comprendre ce que l’autre cherche à vous dire ?  pour être touché ? pour vivre des partages profonds et intimes ?

Nous allons voir ici les obstacles courants à une communication fluide, dans sa forme, et les postures que nous pouvons adopter quand nous dialoguons.

Quelques grésillements sur la ligne

communiquer avec les autres
une autre manière de nommer les difficultés de la communication 🙂

Quand je me confie sur quelque chose de plus ou moins intime

Personnellement, je suis quelqu’un de plutôt introverti, et je suis du style à raconter des choses intimes si je sens que l’autre personne en face s’intéresse vraiment à moi.

Avec le temps et le travail sur moi, j’ai appris à demander de l’écoute et à parler spontanément. Mais j’ai besoin de sentir que l’autre a envie d’entrer en relation avec moi et de communiquer, par des questions qu’il va poser ou par une attitude silencieuse de disponibilité.

C’est désagréable lorsque l’autre personne n’a pas écouté (regarde ailleurs, répond au téléphone), n’a rien compris, ou n’a pas pris la mesure de l’intensité de mon récit.

J’ai clairement moins envie de me confier après, ça joue sur la confiance et le lien.

Lorsque j’écoute l’autre

Je n’apprécie pas trop lorsque j’écoute quelqu’un et que cette personne parle énormément et déverse. Évidemment, c’est très subjectif et jugeant. Pour le dire autrement, c’est lorsque la personne dit plus de mots que ce que je suis en mesure de recevoir et qu’elle ne m’a pas annoncé ce qu’elle veut (son intention), et pour combien de temps elle en a à peu près.

De même, avec le temps, j’ai appris à couper et intervenir quand c’est trop pour moi.

Mais il est vrai que j’apprécie quand il y a un cadre à l’écoute, même avec des personnes proches parfois. J’aime être là pour elles mais mon écoute est précieuse donc j’aime en prendre soin. Je peux écouter quelqu’un qui a besoin de décharger son trop-plein émotionnel, mais je ne suis moi-même pas une décharge. Petite nuance !

En cas de débat, d’échange d’opinions

débat, échange d'opinions

L’aspect positif

Ce type d’échange me vivifie, peut me donner de l’énergie, aviver mon mental, mes arguments, mes idées. Nos différences sont une richesse et les partager est un cadeau pour m’aider à me connaître, identifier où je me situe à l’instant T avec cette opinion.
Et je remarque que je vis ce dialogue positivement lorsque je ne suis pas attachée aux idées, qu’elles ne sont pas encore devenues des croyances (pour lesquelles de l’émotionnel y est mêlé).

Les conséquences désagréables

Quand le dialogue est « émotionnel » et que l’on confronte des croyances (des idées non vérifiées auxquelles on est attaché), je me sens frustrée car les personnes parlent toutes en même temps et ne s’écoutent pas.
Nous voulons toutes les 2 dire quelque chose en même temps. En fait, au lieu d’écouter vraiment l’autre, nous réfléchissons à ce que nous allons lui dire et lui répondre.

Les conséquences sont que je ne suis pas rejointe dans ce qui me tient à cœur d’exprimer et je n’écoute plus l’autre, je ne suis donc pas vraiment connectée à lui non plus, et je me sens loin.

Enfin, l’intensité de l’émotion peut tellement monter et les échanges devenir si houleux que l’échange se transforme en conflit.
Personnellement, c’est comme cela que je vivais les débats d’idées et de croyances lorsque j’étais enfant. Tout sujet se transformait en conflit et limite en bagarre. C’était comme si exprimer une idée et entendre celle de l’autre remettait en question nos identités respectives. Ici, les différences des autres ne sont pas reconnues.
Or, j’ai appris plus tard qu’en aucun cas, exprimer des différences est censé être dangereux ou source de conflits. C’est comme cela que je le vivais chez moi, et que beaucoup de personnes le vivent, mais naturellement, on ne s’étripe pas quand on a des avis différents. Visiblement, sur la planète Terre, il y a encore du boulot !
Et parfois encore, je perds espoir sur la bonne entente entre Humains et de la paix sur la Terre tant le focus est mis sur nos divergences.

Un formateur en Communication Non violente définissait l’existence d’un conflit dès que 2 personnes parlent en même temps.
Pour le coup, je pense que le mot « conflit » est trop fort et devrait être réservé à des situations dont l’intensité émotionnelle est plus forte (euh, là, j’exprime ma différence, non ?).

Dans tous les cas, cela peut valoir le coup de mettre un peu d’huile dans le rouage d’un dialogue.

Ce que la Communication Non Violente m’a appris, c’est à voir où je me situe dans un dialogue, et où je décide d’être. Il y a en fait 3 postures possibles (à ne pas forcément prendre dans l’ordre dans lequel elles sont notées).

Première posture : connexion à soi

Dès lors que l’autre commence à parler, je vais avoir des pensées, des jugements sur lui ou sur ce qu’il raconte (pas forcément négatifs d’ailleurs). Je peux avoir envie de réagir, de l’aider, lui donner un conseil, le rassurer, rebondir sur moi etc.

Dans cette posture, le principe est plutôt de fermer sa bouche et d’écouter ce qu’il se passe en soi, en même temps qu’on écoute l’interlocuteur.

En stage de CNV, on nous enseigne l’auto-empathie. Dans le dialogue, on accueille nos pensées, nos émotions, nos sensations, silencieusement.

C’est un peu comme de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir.

Deuxième posture : connexion à l’autre

J’écoute ce que la personne est en train d’exprimer.
Je peux être en silence ou lui proposer de redire ce que j’ai compris.
Que veut-elle dire vraiment ? Qu’est-ce que je capte de son non-verbal, des émotions qui semblent apparaître ?
Qu’est-ce qui est important dans son message au delà des mots ?

Quand elle exprime une opinion différente, avant de rebondir sur notre opinion, on peut être curieux de la raison pour laquelle elle pense cela. Qu’y a t-il derrière l’opinion ? C’est tout le sujet des « besoins » en CNV.

L’idée ici est d’être vraiment à l’écoute de l’autre, et de ne rien chercher à vouloir faire de spécial pour elle.

C’est un peu comme de se détendre devant un bon film, on ne cherche pas à changer le jeu des acteurs.

Troisième posture : expression

Ici, tu l’auras compris, c’est toi qui parles. On peut être honnête et dire ce que cela nous fait de l’entendre. C’est aussi le moment pour donner son avis, rebondir, partager un ressenti ou une anecdote, pour dire tout ce que nous aurions envie d’exprimer.

Finalement, la danse du dialogue, c’est valser entre ces trois espaces.
Nous pouvons choisir de naviguer entre ces trois postures pour que la relation soit améliorée et approfondie.

Adopter ces postures pour communiquer avec nos enfants

Un exemple

Parfois, quand l’enfant dit quelque chose, il y a cette tendance à lui répondre directement, lui donner une solution, notre avis.

On peut aussi tout simplement prendre le temps d’accueillir sa parole et ses émotions, et ne pas répondre dans l’immédiat.

Si mon enfant rentre de l’école en me disant que quelque chose s’est mal passé, au lieu de lui répondre ce qu’on aurait voulu qu’il fasse, ce qu’il n’a pas fait, que sa gestion de l’événement est correcte ou non… On peut faire ceci :

Ecouter ce que son récit nous fait à nous, parent, dans notre corps, quelles pensées ça nous inspire etc : « je suis touché.e, j’ai peur que ça recommence… », sans lui partager.

Prendre le temps de l’écouter : « comment tu te sens, toi, avec ce qu’il s’est passé ? Es-tu triste ? as-tu eu peur ? Qu’est-ce que tu pourrais faire pour éviter que ça recommence ?

Lui exprimer ce que cela nous fait, c’est à dire notre émotion. Et en tant qu’adulte, nous avons aussi ce rôle de le guider, donc ne nous privons pas de lui donner notre avis et d’intervenir si la situation demande soin et protection.

Les avantages

On prend le temps, on ralentit. Plus de lenteur dans ce monde qui va à toute vitesse est profitable à tout le monde!

On montre à notre enfant que l’on est disponible pour lui, la disponibilité étant une composante de l’amour d’un parent envers son enfant.

L’accueillir dans son récit ou son émotion permet de valider son expérience, sa douleur ou autre. Il a le droit de ressentir tout type d’émotion et plus l’expérience sera acceptée comme telle par l’adulte, plus il sera à même de la renouveler (si elle est agréable) ou de l’éviter (si elle est désagréable). Par illustrer mon propos, on évitera donc de dire à l’enfant qui s’est fait mal « mais non, ce n’est rien, ne pleure pas pour ça ». En effet, cela entraîne une confusion dans le ressenti personnel de l’enfant qui, à force d’entendre ce genre de phrases, ne saura plus faire confiance à ses sens ni être connecté à son instinct.

L’écouter et le questionner équivaut à lui faire confiance dans sa capacité à résoudre un problème qui le concerne. On ne se décharge pas de notre responsabilité parent, mais on l’inclus dans la recherche de solutions.

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5 commentaires

  • goutelle

    Comme l’impression d’un vieux souvenir où les gens s’étripaient en essayant de se faire entendre et reconnaitre. Je suis tellement loin de vivre ce que mes parents et bcp d’humains vivent… je suis soulagée en lisant ça… avec mes enfants, mon mari et nos amis c’est super fluides… là où je suis vraiment naze c’est quand je suis fatiguée… là j’envoie promener tout ce qui se tient sur mon chemin … j’accuse personne mais je dis je suis crevée faut pas me parler… mon coté femme des cavernes. J’aime comment tu parles de toi de ton expérience dans cet article et comment tu analyse à travers ce que toi tu ressentirais dans telle situation… c’est très agréable à lire du coup… merci

    • Bastienne

      Merci pour tes mots et très contente que les miens contribuent à une forme de soulagement chez toi dans ta manière de communiquer avec tes proches. ça me parle aussi ces moments où je n’ai plus de patience et pas l’espace pour accueillir quelqu’un d’autre que moi-même. J’ai regardé un peu ton blog, et je me sens proche du thème par l’union de la psychologie et de la spiritualité 🙂

  • koalatomatomars84792

    Bonjour, mon fils était vraiment bavard en primaire au retour de l’école du coup, c’était assez facile de le comprendre. Je posais les questions plus tard. Aujourd’hui, c’est un jeune ado de 12 ans et il se comporte différemment et s’isole plus. J’ai plus de mal à le questionner sans qu’il soit sur la défensive. Il remet tout à plus tard lorsque j’ai envie de discuter avec lui. C’est pénible! Je crois que la communication change suivant l’âge.

    • Bastienne

      Merci pour ton témoignage sur cette envie de se confier qui change en fonction de l’âge. La zone de ce qui est intime se renforce. Je serais curieuse de savoir si en lui exprimant avec honnêteté (la 3e posture) ton envie de connecter plus avec lui (mais sans question sur lui, sans exigence, sans lui mettre de pression, et en parlant juste de toi) si ton jeune ado revient vers toi à son rythme 🙂 (?! si tu veux partager plus tard, welcome).

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