Vivre en collectif, 2ème retour d’expérience
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Le mariage, c’est résoudre à deux les problèmes qu’on n’aurait pas eus tout seul.
Sacha Guitry
Et bien, vivre en collectif, c’est résoudre des problèmes que l’on n’aurait jamais eu en vivant ni tout seul ni à 2 !
Quand on prend une décision, il y a le « pourquoi conscient », et bien souvent, le « pourquoi inconscient ». Le pourquoi conscient, tu en as eu un aperçu dans le premier article.
Tout ce que je raconte ci-après, je m’en suis rendue compte au fur et à mesure grâce à mes prises de conscience en thérapie et/ou après être partie de ces groupes. Ce n’était pas des raisons que je visais au départ. Et elles sont très personnelles.
Vivre en collectif a été un moyen de revivre les étapes intérieures de la petite enfance et de l’adolescence en accéléré.
Je te souhaite que ces points puissent mettre en lumière tes propres zones inconscientes (si elles résonnent avec les miennes) que tu aies en tête ce projet de vie ou bien que tu vives déjà en collectif.
1- Recherche d’un clan protecteur qui m’apporterait amour et sécurité
Vivre en collectif, c’était un peu pour moi trouver une nouvelle famille.
Une famille qui m’apporterait une certaine sécurité et une appartenance à un groupe.
Sauf qu’au bout d’un certain temps, je me suis rendue compte de l’illusion dans laquelle je m’étais fourvoyée. Je devais me rendre à l‘évidence : cette « nouvelle famille » n’était pas ma famille. Pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de liens de sang.
Ces personnes n’étaient pas mes parents et ne me donnaient pas non plus l’amour inconditionnel que mes géniteurs avaient le devoir de m’apporter. Si même eux ne l’avaient pas fait, comment des personnes extérieures auraient pu me l’apporter ?
J’ai parfois été déçue, en colère…forcément, puisque j’étais en attente (inconsciente) d’être acceptée inconditionnellement par ce groupe et d’avoir du soutien sur plusieurs plans.
Il a été bon que je m’en aperçoive afin d’apprendre à m’apporter sécurité et amour par moi-m’(aime).
2- L’effet « tribu » entraîne une confusion sur qui assure l’autorité de l’enfant
Même si tu ne vis pas en collectif, lire ce paragraphe pourra toujours t’être utile car ce que j’y raconte se produit régulièrement dans d’autres contextes de vie.
Déléguer son autorité parentale
Les collectifs en question étaient plutôt intergénérationnels et mettaient en avant l’éducation positive, contrairement à d’autres collectifs tournés plus autour de l’habitat, de la permaculture, ou d’autres thèmes.
En tant que maman, c’était très pratique de pouvoir confier mon fils à telle personne, la surveillance à telle autre et d’avoir du relais.
J’ai réalisé après que ce soutien était utile pour alléger ma charge de mère. En réalité, je déléguais un peu de mon autorité et de ma protection parentale à mes compagnons de collectif.
J’appréciais le lien intergénérationnel et le fait de pouvoir s’adresser aux enfants des autres de manière naturelle. En même temps, il y avait une sorte de consensus informel non-dit (perçu comme cela par moi) de surveiller les enfants des autres (sécurité) et/ou de gérer un problème avec eux (si conflits entre enfants, problème de « territoire », de bruit ou autre).
Pourquoi pas.
Intrusion dans l’autorité parentale
Mais je me suis rendue compte au fur et à mesure que j’avais laissé la porte ouverte sur ce terrain car il arrivait que ces personnes disent à mon fils quoi faire et ne pas faire, chez moi et devant moi ! Cela se passait évidemment avant mais cela me dérangeait moins (mais quand-même, ça me titillait).
Les parents sont les seules personnes en mesure de décider pour leur(s) enfant(s), même s’ils peuvent déléguer momentanément ces fonctions à d’autres envers qui ils auraient confiance (médecins, instituteurs, amis…).
L’intervention éducative auprès de l’enfant de la part de personnes extérieures devant les parents, comme les grands-parents ou des personnes autres que les responsables légaux, sème de la confusion chez l’enfant et a des conséquences.
Je ne suis pas en mesure d’expliquer ici les raisons précises de ceci car ce serait dévoiler (et malheureusement pas complètement fidèlement) mes cours reçus en pratique épigénétique méthode Noguès.
Ce qui est de l’ordre de l’éducation est par exemple ce que l’enfant mange, comment il est habillé, se comporte, les règles sociales, l’anticipation sur des dangers potentiels etc. Quand l’enfant est en sécurité, tout ceci est le rôle des parents exclusivement.
Je peux juste te dire que la dernière fois que quelqu’un d’extérieur est intervenu auprès de mon fils chez moi et devant moi, mon fils a hurlé de colère envers nous entre 22h30 et 23h30 au milieu de son sommeil. Je ne peux que me réjouir qu’il ait déchargé pour « que ça sorte », et que cette piqûre de rappel soit l’occasion de reposer mes limites auprès de la personne.
En cas de danger, tout le monde peut intervenir
Evidemment, si l’enfant est en danger et qu’il y a besoin d’une intervention immédiate, n’importe qui peut et doit lui porter secours (à des enfants comme à des adultes d’ailleurs)! Tu peux voir la vidéo poignante (intitulée Le poids de la lâcheté) qui explique le phénomène de « non-assistance à personne en danger » amplifiée lorsque le groupe est important, mais pas seulement. C’est toujours bon d’avoir en tête le phénomène psychologique pour ne pas se faire avoir par notre cerveau le jour où on y est confronté.
Conclusion
Donc, je ne dis pas qu’il ne faille pas vivre avec ses enfants en collectif. Mais il me paraît important d’avoir à l’esprit les manques que celui-ci viendrait combler et les limites à poser aux adultes autour.
3- Confusion entre liens d’interdépendance et amitié
Interdépendance ?
Entrer dans un collectif parce qu’on accroche bien avec les personnes qui le composent est essentiel. Comme pour ma part, j’avais envie de vivre cette vie, cette expérience passait avant les affinités. Je pense que c’est une éventualité qui guette toute personne qui se lance dans l’aventure de la vie « grégaire ». Je crois que ce n’est pas si facile de distinguer ceci :
– Est-ce que je m’entends bien avec ces personnes (car je projette de vivre avec elles) ?
– Est-ce que je m’entends bien parce que je les aime (amicalement)?
– Ou un peu des 2 ?
Je crois que finalement, on s’aime bien parce qu’on a un intérêt commun à bien vivre ensemble pour que le groupe soit solide face aux nombreux défis qu’implique la vie en collectif (administration, logement, finances, prise de décisions etc).
A mon sens, il s’agit surtout d’interdépendance.
L’interdépendance, c’est quoi ? Des relations de dépendance réciproque. Cela pourrait s’apparenter à du contre-don. Le contre-don est le triangle donner-recevoir-rendre. Il y a une notion de redevabilité.
On se rend des services, on s’entraide.
Super ! Mais les relations sont basées essentiellement sur ça.
Amitié ?
Est-ce de l’amitié, une vraie affection ? Je me suis rendue compte que non, car l’amitié est un feeling. C’est de la chimie, comme l’amour. Ça ne s’explique pas, ça ne se monnaye pas. Il me semble que pour être pure, elle doit se vivre en dehors de tout marchandage de services et de tout lien de dépendance réciproque (aussi beaux soient le troc et le don, le contre-don est inconsciemment présent).
J’ai pu me rendre compte de cela surtout après, lorsque les relations n’étaient pas entretenues (de mon fait ou celui des autres) ou bien basées seulement sur un échange de services.
Conclusion
Pour résumer, je pense qu’il est bien d’avoir en tête qu’entrer dans un collectif ne doit pas se faire dans le but de se faire des amis (même s’il y a des affinités et que ça peut arriver), mais que c’est pour vivre des relations avec de la réciprocité pour un intérêt commun.
4- Un collectif omniprésent et lourd à porter
Il y a toujours quelqu’un pour frapper à la porte et demander ou proposer un truc, le collectif à discuter. Le groupe était omniprésent dans notre vie.
Etre impliqué pour tous les sujets en rapport avec le collectif demandait une présence accrue. Je n’arrivais plus à réfléchir sur certains sujets ni à porter (même à plusieurs) la responsabilité d’une telle surface de bâtis et de terre.
C’est ok, on ne peut être expert en tout, donc je déléguais aux personnes qui savent plus que moi sur tel ou tel sujet. Mais j’étais mal à l’aise de ne plus m’occuper de ce qui me concernait. Vers la fin de notre expérience dans le premier collectif, j’avais l’impression de parasiter le groupe car il m’apportait encore quelque chose (l’infrastructure, la logistique, les décisions) et moi j’avais la sensation de ne plus lui donner. En revanche, dans le deuxième, j’avais l’impression de l’inverse, que l’on donnait plus que l’on recevait.
5- Energivore et frustrant à la fois
Se donner les moyens d’avancer et de fonctionner ensemble prend du temps.
Lire les mails du groupe, vivre des réunions hebdomadaires, se croiser et en avoir pour 20 minutes au lieu de 5, écouter X et Y parce qu’ils sont en conflit…
En fait, nous passions tellement de temps à voir tout le monde tout le temps, à se croiser dans le feu de l’action quotidienne, qu’il se passait 2 choses en moi :
– Revoir ces mêmes personnes le soir autour d’un repas pour approfondir la relation était juste trop ! Je voulais faire autre chose de mon temps.
– J’étais frustrée de ne pas connaître plus les personnes en profondeur.
Finalement, c’est dans la phase d’approche et de connaissance mutuelle que nous avions plus ce temps. Une fois le projet rejoint, le feu démarrait et le temps manquait.
Mais qui aime ne compte pas…
6- Le groupe m’étouffait
Je traversais alors ma phase « adolescente » qui se rebellait face à ses parents adoptifs du style « Quoi ? Mais vous êtes vraiment nazes de penser une chose pareille ! »
Je n’étais plus en accord avec des discours que j’entendais. Et même si j’avais la possibilité d’exprimer mon désaccord lors de la prise de décision et d’influencer le groupe, j’étais choquée de voir à quel point nous divergions.
J’ai fini par vivre cette prise de décision collective comme une étape qui entravait ma liberté : « arf, il va encore falloir demander au groupe » au lieu de « youpi, je vais consulter les uns et les autres et co-construire une décision géniale !»
C’était pour moi le signe que je devais m’affranchir du collectif sur lequel j’avais projeté mes parents, et continuer sur mon chemin vers l’autonomie.
7- Vivre en collectif, encore ?
Je disais dans mon premier article que nous revivons une autre forme de collectif…Toujours grâce au site de PasserelleEco (la version papier existe aussi), nous avons trouvé un endroit dans lequel un ancien du premier collectif nous a rejoint en maison mitoyenne 2 ans plus tard. La forme change, les contrats changent, il n’y a pas de « collectif » à proprement parler, mais nous fonctionnons quand-même à plusieurs pour certaines zones extérieures.
C’est l’occasion de se ré-accorder avec les leçons apprises précédemment.
Je me suis livrée sur mon vécu et je te souhaite que mon retour d’expérience t’apporte du grain à moudre si tu projettes ce mode de vie.
T’attendais-tu à cela en démarrant la lecture de cet article ? Dis moi en commentaire tes impressions !
Un commentaire
Melissandre
C’est avec plaisir que j’ai lu la 2e partie de ce sujet entamé précédemment. Cela met vraiment de la perspective d’avoir les contres et comment certains automatismes sociaux ou « règles » non dites peuvent affecter le quotidien et peser sur le moral à la longue.
Merci pour ce partage d’expérience, il faut savoir trouver un entre 2 pour pouvoir décider de comment on veut vivre tout de même.