Connaissance de soi,  Enfance

Comment dompter sa colère

La colère met le corps en état d’agression. Les sourcils sont tirés vers le bas provoquant des rides verticales au dessus du nez, mes yeux mi-clos semblent furieux, le visage devient rouge. La bouche reste fermée ou entrouverte, mais les lèvres retroussées découvrent les dents comme un animal prêt à mordre. Les battements du cœur et la respiration s’amplifient. Le corps, ramassé sur lui-même par des muscles tendus semble prêt à bondir.

dompter colère

Ici, je vais parler de la colère que tu peux être amené.e à ressentir avec tes enfants. Pas celle que tu aurais envers d’autres personnes ou celle qui correspond à une des phases du deuil.

La colère a ses raisons d’être

Je connais bien cette émotion et j’en ai de moins en moins peur.
J’ai grandi avec une mère qui était souvent en colère. Petite, je lui tenais tête « même pas peur » ! Et puis, avec les années, j’ai appris à reconnaître ma propre colère, à considérer que j’étais légitime de me sentir en colère. Et qu’elle pouvait être positive et pas seulement destructrice et violente.

colère

La colère n’a pas la même saveur chez tout le monde

L’Ennéagramme nous montre que certains types sont plus concernés par la colère que d’autres : les 1, 8 et 9 ont chacun une manière bien spécifique de l’exprimer.

Par exemple, le 1 peut avoir des coups d’éclats, mais essentiellement en privé, cependant, la plupart du temps, sa colère lui étant difficilement acceptable (car il tient à bien se comporter, à être parfait), celle-ci va prendre une forme de lèvres pincées, d’un corps raidi, d’une tension palpable, avec une phrase indiquant à l’autre d’une manière polie qu’il « devrait » se comporter autrement.

Chez le 8, la colère est sa deuxième nature, même pas peur, même pas mal ! Sans tact, sans gant, il ne se rend parfois même pas compte qu’il est en colère, même si aux yeux des autres, il est peut être impressionnant.

Enfin, le 9, sa colère est plutôt endormie, et parfois elle se réveille, et il part en vrille d’un coup, il n’a rien vu venir, et les autres autour non plus.

Pour tous ces types, la colère est un bon indicateur que leurs besoins ne sont pas assez écoutés, que la vie intérieure est riche et a besoin d’être vue et prise en compte.

Les autres types que ceux-là peuvent aussi être en colère, mais c’est un sentiment généralement moins central chez eux.

Respect de mon territoire, merci chère colère !

La colère est comme une force de survie, un feu intérieur qui provient de la nuit des temps.

chakra racine – rouge colère

Quand la colère parle de mon territoire, elle vient me vivifier, elle me fait du bien car elle est un super indicateur de ce qui ne me va pas et que je tiens à faire respecter. Elle m’aide à me connaître, à me respecter en disant NON.

Je deviens une lionne qui protège son territoire !

Que ce soit les beaux ou grands-parents qui interviennent sur l’éducation que je donne à mon fils sous-entendant qu’on s’y prend comme des manches, mon fils qui met du bazar partout ou qui va sur le terrain des voisins avec un copain.

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Alors, je ne serai pas de celle qui dira que se mettre en colère fait baisser le taux vibratoire ! Je crois qu’il vaut mieux qu’elle sorte un bon coup, plutôt qu’elle moisisse à l’intérieur avec la pensée que ce n’est pas bien d’être en colère.

C’est l’occasion de reposer tes limites et de modifier quelque chose. C’est aussi une opportunité pour la transformer en détermination qui te donne la force et le courage d’avancer et d’agir en faisant confiance. Attention tout de même à ne pas tomber dans la domination.

Une fois le calme revenu, on exprime le mécontentement et on repose les règles. C’est une façon d’être plus facilement entendu, mais ça peut aussi marcher de s’exprimer en étant en colère. A toi de voir…

Décalage entre les attentes et la réalité

bonhomme qui fulmine

Dès lors que j’ai un projet et qu’il ne peut se réaliser, pour une raison ou une autre, je me sens agacée, frustrée, énervée !

Je voulais avoir ma soirée pour écrire un article de blog, mais le pitchoun ne s’endort pas avant 21h15, voire 22h !

Je voulais cuisiner le déjeuner, mais (encore) le pitchoun se plaint de ses dents, ne fait que râler (même en porte-bébé sur mon dos) et je ne peux avancer à mon rythme.

Là, j’ai une solution :

Lâcher mon attente en acceptant l’imprévu et le changement. Le mot clé est l’adaptation.

Rester dans l’instant présent et les besoins les plus importants voire urgents. Si le repas doit être fait car plus j’attends, plus leur faim va grandir et leur plainte également, alors je continue mon objectif (projet cuisine) tout en écoutant leur plainte.

Concernant mes trucs perso, soit je les continue à moitié, soit je les lâche et je décide d’être pleinement présente pour eux.

La colère des autres peut amplifier la tienne

Il suffit parfois qu’une atmosphère de tension, que tes enfants soient en « crise« , que ton compagnon ou ta compagne soit en colère pour une raison x ou y, pour que cela amplifie ou déclenche carrément ta propre colère.

Je trouve intéressant de prendre conscience de ceci pour apprendre à rester connecté à soi-même, être attentif à ce qui se passe en soi. Plus tu seras centré.e, plus tu pourras être un pilier quand tes enfants auront le plus besoin de ton calme et de ton soutien.

Si leurs pleurs ou leurs colères te sont difficilement supportables, il est fort probable qu’ils activent une blessure chez toi. Le paragraphe suivant aborde ce thème.

Activation du retentissement

Enfin, la colère peut montrer une part de soi jusqu’alors négligée, et les enfants ont le don pour appuyer sur cet endroit.

Notre enfant vient dire coucou à notre propre petit enfant : « Hey, maman, papa, avez-vous soigné votre part sensible d’enfant ? »

Et si je pète un câble parce qu’il a renversé un verre, mis des miettes parterre, dit un gros mot, n’a pas obéi à un ordre, il est fort probable pour qu’il ait appuyé sur le bouton rouge.

Il s’agit du langage du retentissement qui nous indique que la situation nous renvoie à notre interprétation d’un événement vécu dans notre histoire personnelle.

Au lieu de se braquer et s’énerver sur lui, tu peux tenter les solutions ci-dessous, faire un STOP et d’aller écouter ce retentissement chez toi. Tu peux par exemple te demander ceci : Comment est-ce que j’étais accueilli.e lorsque j’avais des émotions, vivais des expériences diverses ou quand j’avais transgressé un interdit ?

Etre moins en colère au quotidien

Ecouter sa colère

Avant d’en faire quoique ce soit, je trouve sain d’écouter nos émotions quelqu’elles soient. Certaines personnes pourraient se dire que la colère n’est pas une bonne émotion car elle est perçue comme étant violente. Elle est parfois niée avant qu’elle ne soit ressentie. Il me semble que le risque est de péter un câble tellement elle s’est accumulée, ou de ne plus se faire respecter sous prétexte que « ce n’est pas bien d’être en colère ».

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Anticiper

Plus tu anticipes, moins tu auras la sensation d’être débordée et dans l’urgence. Anticiper c’est de se donner un cadre, des règles, d’abord à soi-même, et puis à ses enfants. S’il n’y a pas de cadre, alors, les situations sujettes à confusion vont être nombreuses et la colère pas loin. Tu peux consulter l’article où je parle de l’éducation au style démocratique. Pour anticiper, il est judicieux d’apprendre à s’organiser, à ne pas se laisser surprendre par les tâches du quotidien (puisqu’elles reviennent chaque jour, il n’y a pas d’urgence normalement).

Rester connecté à soi

La présence à soi-même à chaque instant…le rêve ! Etre au plus proche de ses sensations, ses émotions, ses pensées, son « état » de manière générale, est, je crois, source de bien-être sur le long terme. Cela permet d’être plus alerte avant les moments critiques pour pouvoir mieux les gérer s’ils surviennent. Etre connecté à soi va de pair avec un travail personnel selon moi.

Solutions face à la colère imminente

Prendre du recul en 3 étapes grâce à l’observateur intérieur

La colère monte, j’ai conscience que je me sens en colère, et je fais un choix :

Revenir à soi pour ne pas être « hors de soi » :

1/ Hey ho ! Est-ce que je me laisse envahir là ou bien est-ce que je contrôle un minimum pour ne pas devenir une furie ?

2/ Si tu as réussi à prendre ce recul nécessaire en l’espace de quelques secondes, alors bravo !
De suite après : tu respires !

3/ Puis, tu trouves une solution ou bien tu la demandes carrément à tes enfants.

Parfois, c’est ce que je fais :
« Je vois que là, c’est la 3e fois que tu ne laisses pas toucher les jeux communs à ton frère, ce n’est pas ce qu’on avait convenu, ça commence sérieux à me gonfler, j’ai envie que tu puisses jouer tranquille ET qu’il soit libre de ses mouvements, je t’ai proposé telle et telle solution que tu ne prends pas, alors donne moi une solution maintenant stp ! »

Lâche ta stratégie, concentre toi sur les besoins

Si tu veux absolument qu’il mette ses chaussures au lieu de ses bottes, qu’il mange tel aliment plutôt qu’un autre, qu’il arrête tout de suite le dessin animé…

Soit tu ne lâches pas ta solution et tu te sens disponible pour accueillir la crise de ton enfant, sa frustration, sa colère etc. C’est à dire qu’au final, il fera ce que tu lui imposes, mais peut-être que ça prendra plus de temps que prévu.

Soit tu lâches ta stratégie, ton idée de vouloir faire comme tu l’avais décidé et tu entames un dialogue avec ton enfant.

Quel est ton besoin ? Prends le temps de lui expliquer, de lui dire ce qui compte pour toi.
Exemple : Si tu sais qu’il va faire chaud aujourd’hui, tu as à cœur que ton enfant soit à l’aise dans ses pompes et que les nu-pieds sont plus adaptés que les bottes de neige.

Quel est son besoin ?
Il veut choisir ce qu’il porte ? il souhaite expérimenter ? 
En général, seule notre propre expérience compte vraiment à nos yeux. Pour l’enfant, c’est pareil.

S’entendre mutuellement sur nos besoins respectifs permet de trouver une ou plusieurs solutions qui vont bien aux deux parties.

Solutions quand la colère est déjà là !

Elle est trop forte, elle est là, elle déborde, tu es comme une cocotte minute et tu t’apprêtes à exploser.

Décharger

Les émotions retenues, ça équivaut à l’urine retenue (ou une poubelle pleine), ce n’est pas très bon de les garder à l’intérieur 🙂

poubelle pleine

Les sortir (et apprivoiser ce processus) permet de ne pas se laisser envahir par elles. Lorsqu’elles sont évacuées, elles changent de forme. Il arrive qu’après la colère vienne la tristesse, le découragement, et même le calme et la créativité.

Ces différentes astuces peuvent être vécues si tu as du relais ou pas.

1/ Réponse D Jean-Pierre : Appel à un ami ! Appeler un.e amie de secours qui saura t’écouter dans ton trop-plein. Tu peux demander à une personne de confiance qui saura t’écouter sans jugement « aurais-tu 15 minutes pour m’écouter en silence sans me donner de conseil / ou avec des conseils (si tu veux) ? ». Là, j’aime bien donner libre cours à mes « chacals ». « Chacal » est le mot employé en Communication Non Violente pour signifier le langage qui ne prend pas soin de soi et de la relation. Donc dans ce cas de figure, tu décharges auprès d’un tiers neutre tous les gros mots ou autres que tu pourrais éventuellement garder d’habitude par pudeur et protection. C’est le moment de se lâcher !

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2/ Installer un putching-ball chez toi (une amie a choisi cette solution, cela a été bénéfique un temps pour elle et pour son fils).

3/ Faire le tigre à la façon proposée par Tal Schaller à voir ci-dessous (3 min).

4/ Décharger en écrivant
Tu entends le mot « CRI » dans ECRIRE ? Les mots écrits sont souvent ceux pour lesquels on n’a pas été entendus oralement. Ils permettent de se libérer. Ecrire libère. C’est aussi une manière de revenir à soi, de se recentrer. Si tu te recentres en toi-même, tu n’es plus « hors de toi », tu es donc « avec toi » 🙂

5/ Apprendre à différer son besoin d’empathie.
Si tu es en colère, c’est que tu n’as plus d’espace intérieur pour accueillir ton enfant, tes ressources sont au plus bas, et c’est toi qui as besoin de soutien et d’écoute. Voilà ce que je nomme le besoin d’empathie.
C’est toi l’adulte, tu es censé.e savoir gérer tes émotions, si tu ne sais pas le faire, tu peux apprendre. En fait, notre cerveau intelligent (le néo-cortex) nous sert à moduler notre cerveau émotionnel.
Ce n’est pas grave si tu n’y arrives pas rapidement et directement, le but n’est pas de culpabiliser mais de savoir que tu peux apprendre à faire autrement.
Tu peux te dire que là, dans l’instant, tu n’es pas en danger. Même si tes limites sont dépassées, tu ne vas pas te faire bouffer par un prédateur. Je te donne cette information pour que cela t’aide à relativiser sur le moment. Mais je n’ai pas dit que c’était facile.

Hurler « en girafe »

« En girafe » correspond au langage de la Communication Non Violente.
C’est à dire que tu remplaces le langage « chacal » du style « t’es un petit merdeux », « tu es insupportable, pénible… » ou tout autre mot qui fait mal, par un langage respectueux.

Cela peut m’arriver de temps en temps. La colère sort mais elle n’est pas destructrice, enfin, je ne crois pas, dans le fond je ne sais jamais comment c’est perçu par mes enfants.

« Je suis hyper énervée, j’ai besoin de respecter mon rythme !! Et ce qu’il se passe là ne me va pas du tout !! Est-ce que tu peux me dire ce qu’il se passe pour toi là, ça me permettrait d’avoir plus d’ouverture avec toi ? »

Voici 2 préalables à ce langage via quelques règles issues du système SAPPE (sourd, aveugle, pernicieux, pervers, énergétivore) appelé ainsi par Jacques Salomé qui a créé la méthode Espere. SAPPE ressemble fortement au langage « chacal » de la communication non violente (CNV).

– J’ai conscience que je suis responsable de ce que j’envoie dans la relation et de comment je reçois le message : Je parle de moi en « JE »

Je bannis les formules de culpabilisation, dévalorisations, menaces, injonctions.

Pour y parvenir, il est important de prendre conscience de ce langage au quotidien, que l’on entend des autres, que l’on dit aux autres ou à soi-même. Et puis de décider de faire autrement.

Le reste vient en pratiquant, et en gardant la conscience ouverte.

J’espère que cet article t’aura apporté des repères pour les jours où ta colère aura tenté de prendre le dessus sur toi ! Je t’invite à partager en commentaires ce qui fonctionne pour toi, tes astuces pour dompter ta colère.

Sources :
Formations Ennéagramme / CNV / Pratique en Epigénétique Méthode Noguès / Coaching parental
BD Le Trésor oublié de l’arc-en-ciel

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11 commentaires

  • Johanna et Gabriel

    Merci beaucoup pour cet article ! Ce que je fais (Gabriel) lorsque la colère commence à m’emporter, c’est de prendre du recul sur la situation et comprendre pourquoi la colère vient. Le simple fait de faire ce petit exercice m’aide à diminuer, si ce n’est supprimer, ma colère 😊

  • Aline

    Merci pour ce super article sur la colère! J’ai adoré! ça fait du bien de lire ça et ça aide aussi à déculpabiliser. Je ne connaissais pas le système SAPPE décrit pas Jacques Salomé. Aussi, j’aime beaucoup l’idée de demander aux enfants la solution qu’ils veulent apporter pour apaiser une tension ou un conflit quand ils ne parviennent pas à appliquer celle qu’on leur propose. Cela les rend acteur et les responsabilise.
    Aujourd’hui, quand je suis en colère avec mon fils et qu’il est lui aussi très énervé, on arrive de plus en plus à s’apaiser ensemble en partageant un temps affectueux avant de passer aux explications pour « régler l’histoire ». Cela permet d’être plus disponible et disposé à s’écouter. Merci encore!

    • Bastienne

      Merci pour ton commentaire Aline 🙂 Oui, je te rejoins aussi dans cette expérience de « passer à autre chose et faire qqchose d’agréable » avant de reparler du moment difficile.

  • Claire

    Wahou! Merci pour cet article hyper complet! Je suis très impressionnée, c’est hyper bien construit et bien exprimé! C’est un sujet tellement important, et que met souvent les parents en panique totale!
    Vraiment, bravo, et merci!

  • Coralie

    Hé sympa, cet angle de vue de la colère.

    Justement, il existe de nos jours, une multitude d’outils pour que les enfants apprennent à apprivoiser et à gérer leurs émotions, mais beaucoup de parents sont démunis face à leurs propres émotions…
    Tes pistes sont très intéressantes Bastienne, elles méritraient un visuel simplifié et humoristique, je trouve.
    Pour les grands-parents qui critiquent l’éducation, invite-les sur mon site d’autres grands-parents leur diront comme il est important de prendre du recul face à l’éducation des petits-enfants 🙂

    Belle journée et à bientôt.

  • Marina

    Bonjour, merci pour cet article plein de bons conseils ! La colère est une des émotions les plus difficiles à appréhender. Peu maîtrisable, nécessaire à la fois mais qui doit toujours pouvoir être exprimée. En tant qu’adulte il est déjà très difficile de gérer les frustrations alors chez nos enfants cela doit être encore plus difficile. Je pense qu’il faut d’abord travailler sur nos colères pour pouvoir ensuite accompagner nos enfants du mieux possible.

    • Bastienne

      Oui, cet article a pour vocation à ramener au parent avant de solutionner ce qu’il se passe chez l’enfant. Plus l’émotionnel de l’adulte est stable, plus il lui sera facile d’écouter son enfant avec son émotionnel débordant.

  • Sylvain

    Difficile de contrôler ses émotions, c’est un très vaste sujet et vraiment important.
    Personnellement, sois je me mets à écouter de la musique (style classique, jazz ou lounge) sois je fais un exercice de respiration.
    Merci pour ces solutions approchées avec un angle très intéressant. 🙂

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