4 bénéfices à vivre la CNV en famille
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La première fois que j’ai ouvert un livre de CNV en 2009, je me souviens avoir été extrêmement touchée par les témoignages poignants d’utilisation de ce processus dans des cas de guerres dans des quartiers difficiles aux Etats-Unis ou en Palestine/Israël. Cela m’avait redonné foi dans les Humains et la possibilité de paix sur la Terre. J’en parle plus précisément dans cet article, et le voici ici pour l’acheter directement.
Quelques années plus tard, j’utilisais moi-même le processus pour vivre le mieux possible mon expérience au sein d’un collège classé en Zone d’Education Prioritaire. Les bénéfices étaient clairs : c’était mon seul moyen de rejoindre avec le cœur les nombreux jeunes à la dérive, et aussi de calmer de nombreuses situations quotidiennes explosives.
La conscience qu’apporte la CNV était un préalable pour vivre l’expérience de la maternité l’année suivante. Vivre la CNV en famille était une évidence.
Qu’est-ce que la CNV ?
La Communication Non Violente est un processus de communication qui permet de se rencontrer dans notre humanité commune au delà de toutes nos différences (de points de vue, raciales, de genre, de mode de vie, de niveau de revenus…).
Je pourrais également dire que la CNV est un autre paradigme de pensée qui permet d’être plus connecté à soi (nos schémas de pensée, nos émotions, nos besoins) et à l’autre.
Mais on pourrait la définir de bien d’autres manières en réalité.
C’est Marshall B. Rosenberg qui a modélisé d’une manière très simple 2 manières de communiquer grâce au symbole de 2 animaux :
– Le Chacal pour celle que l’on connaît bien et qui entraîne malentendus, interprétations et souffrances dans les relations.
– La Girafe pour la communication qui relie, qui permet compréhension mutuelle et empathie, appelée CNV, ou communication non violente.
Un autre de ses livres connus est celui-ci : Les mots sont des fenêtres (ou bien des murs).
Voici les 4 bénéfices à vivre la CNV en famille (même si ce n’est pas la guerre chez toi)
1- Des mots pour décrire notre monde intérieur
« ça va ? » « ouaih »
C’est une manière d’entrer en contact qui n’a pas vocation à s’épancher ni à écouter l’autre sur tous les problèmes qu’il rencontre.
Néanmoins, c’est une formulation un peu bateau qui en finit par devenir stérile et fausse. Même avec des personnes que je connais parfois peu, il peut m’arriver de répondre « bof » ou « pas trop, un peu triste ce matin » à cette question, car je suis quelqu’un de transparente.
Nous n’avons pas appris à parler d’émotions à l’école, encore moins des nôtres. Il fallait surtout se montrer fort ou « cool » pour pouvoir être accepté dans le groupe. Notre vocabulaire à propos de notre organisme vivant est en fait extrêmement pauvre.
Alors, qu’y a t-il de plus fourni à raconter derrière « ça va ? »
Quelle est ta pépite du jour ? Comment te sens-tu là tout de suite ? pétillant ? groggy ? tiraillé ? furieux ? triste ? craintif ?
Au niveau de ton corps : as-tu des douleurs, si oui comment elle est, à quel endroit, lui vois-tu une forme, une couleur ? te sens-tu fatigué ? plein d’énergie ?
Plus tu t’habitueras à la richesse de ton monde intérieur, plus tu seras à même d’accueillir celle de ton enfant et à lui faire découvrir un tas de mots variés!
2- Coopération et bonne ambiance renforcées
La CNV m’aide à ne plus voir l’autre comme un ennemi qui menace mon système bien établi avec mes croyances, mes idées. Je sais qu’il y a une bonne raison pour laquelle il pense ce qu’il pense. Et c’est en allant voir quels besoins il nourrit en ayant cette idée ou cette façon de faire, que je peux pleinement accepter sa différence, et être même heureuse pour lui.
Souvent, il y a des tensions car on veut convaincre l’autre de notre point de vue, que l’on trouve moins élaboré que le nôtre ou carrément contraire. Le focus est mis sur nos différences et sur des conflits inutiles. Et bien qu’elles soient riches, on n’a pas appris à les dépasser.
Pratiquer la CNV permet de mettre le focus sur ce qui rapproche.
Donc, fini les disputes de ce genre :
– « la mer, c’est mieux que la montagne ! »
– « le film/le livre était bien », « non il était nul »
– tous les débats politiques à « refaire le monde »
3- Plus d’authenticité et de profondeur
Je suis quelqu’un qui aime la profondeur, sinon je m’ennuie. Evidemment, j’aime aussi beaucoup l’humour et la légèreté, mais j’apprécie l’équilibre entre les deux. Donc les conversations qui n’abordent que des avis généraux ne me nourrissent pas.
A partir du moment où l’on exprime notre avis avec la conscience de ce que l’on ressent et de ce qui est important pour nous (nos besoins), la connexion à l’autre est plus enrichie. Quand on choisit de partager cela à l’autre, alors, on ne reste pas à un niveau de pensées et d’idées. On partage ce qui nous meut, ce qui nous fait vibrer, que ce soit dans la joie comme dans la colère d’ailleurs.
Cela implique de se reconnecter à notre émotionnel, souvent « coupé » à force d’avoir été nié et bafoué dans notre enfance. Ça peut s’apprendre, et autant le faire avant que la vie ne s’en charge d’une manière plus violente (maladie, accident…).
Donc, je choisis d’exprimer cette authenticité au sein de mon foyer. Je dis quand je me sens en colère ou triste, avec de la peur, ou très joyeuse sans chercher pas à cacher ce que je vis. Je crois que par l’exemple, cela leur montre qu’ils peuvent en faire autant.
Mon fils à 4 ans et demi nous avait dit une fois à table très en colère « VOUS ME COUPEZ LA PAROLE, JE VEUX QUE VOUS ME RESPECTEZ !!!» Et bien voilà, il ressent une forte colère, il l’exprime, et il dit ce qu’il veut ! Super ! Cela me prouve qu’il a confiance d’exprimer un mécontentement en étant entendu.
4- Relations saines et empathiques
Reprendre la responsabilité de ses émotions et de ses actes
La CNV part du présupposé que nous sommes responsables de ce que nous ressentons, et que nos émotions sont liées à nos propres besoins. Les autres n’ont pas le pouvoir de nous faire sentir quelque chose. Je te laisse méditer là-dessus quelques secondes.
Voilà la suite :
Cette reconnaissance nous permet de prendre des mesures pour répondre à nos besoins au lieu d’attendre que d’autres changent. Finalement, cela permet de reprendre les rênes de sa vie au lieu d’être heureux à condition que l’autre devienne comme on l’espère.
De plus, je reconnais que j’ai le choix, à chaque instant, d’agir de façon à répondre au mieux à mes besoins. Cela permet d’éviter de prendre des mesures motivées par la peur, la culpabilité, la honte, le désir de récompense ou les idées de devoir ou d’obligation.
Dans ce paragraphe, il y a clairement un enjeu de reprise de pouvoir personnel qui n’est pas du goût des politiques qui préfèrent avoir des gens dociles qu’ils peuvent amener là où bon leur semble. Marshall Rosenberg lui-même a été empêché d’aller plus loin lorsque son mouvement a pris de l’ampleur, parce que les politiques voyaient d’un mauvais œil cet éveil intérieur qu’elle permet.
Il va de soi que la honte, la culpabilisation, la peur feraient bien de ne plus être employées pour contraindre les enfants à agir comme nous le souhaitons.
Donc au placard les prises de pouvoir par un langage déresponsabilisant « il faut », « tu dois parce que c’est comme ça », « on fait ça parce que maman l’a dit, parce que le président l’a dit », le chantage affectif et les culpabilisations « tu sais comment c’est quand tu fais ça, ta mère est triste/ça met ton père en colère ».
Plus d’empathie au sein du foyer familial
Nous avons une capacité innée de compassion, mais pas toujours la connaissance de la façon d’y accéder.
Miki Kashtan (formatrice CNV)
Lorsque l’ambiance favorise le respect et l’écoute mutuelle, il y a de l’empathie.
L’empathie est innée chez les Etres Humains.
Elle nous permet d’être touché (mais pas atteint) par l’état émotionnel d’un autre être humain. C’est ce qui fait de nous des humains, et pas des robots.
Mais cette empathie peut complètement s’inhiber selon notre vécu et le peu reçu dans l’enfance. Heureusement la plasticité de notre cerveau nous permet de la réactiver.
La neuroplasticité est la faculté du système nerveux à se réorganiser quand il subit un changement.
Voici 2 exemples de l’empathie à l’oeuvre chez nous :
– Lorsque mon bébé râle et que son frère de 5 ans s’approche de lui avec compassion en lui caressant le visage et en lui demandant « qu’est-ce que tu as ? tu as mal ? t’es énervé ? t’as faim ? »
– Quand mon fils est en colère, que j’arrive à rester calme et simplement à l’écoute tout en lui disant mes besoins également, il arrive à me prendre en compte et parfois même à trouver une solution qui aille bien aux 2.
C’est doux, et ça fait du bien.
Si tu expérimentes d’autres bénéfices de la pratique de la CNV chez toi, je t’invite à le partager en commentaire.
Un commentaire
Coralie
Ah la CNV…où comment apprendre un peu plus, tous les jours, sur les autres mais surtout sur soi !
Merci pour ces rappels toujours utiles.
Au plaisir de revenir sur ton blog.
Coralie