Communication,  Enfance

3ème écueil de la CNV : n’être que dans la demande avec son enfant

Cet article sur l’exigence et la demande fait partie de ma petite série sur les écueils de la CNV.
Le premier s’intitule : Croire qu’avoir une opinion, c’est être jugeant.
Le deuxième traite de l’évitement des émotions « négatives » et des conflits.

Ils correspondent à ma vision subjective, en fonction de ma sensibilité, à ce qui pourrait être compris en étudiant la Communication Non Violente, ou simplement par des croyances issues de la religion, la spiritualité ou des expériences de vie diverses.

La différence entre la demande et l’exigence

La Communication Non Violente nous invite à distinguer les demandes des exigences.

Ceci me paraît être une excellente chose! En effet, cela m’a permis de voir toutes les fois où quand, ado, on me « demandait » de faire des tâches ménagères, alors qu’en réalité, il s’agissait d’exigences. Une exigence camouflée (ou pas) qui se transformait en reproche et tentative de culpabilisation dès lors que je n’avais pas accompli mon devoir.

Une demande se fait dans l’ouverture que l’autre en face nous dise NON. L’exigence implique l’acceptation forcée de l’autre.

L’astuce pour savoir si tu es dans une demande ou dans une exigence, c’est après coup, quand l’autre t’a dit « NON »; si tu es en colère et ne l’accepte pas, c’est que tu étais dans l’exigence.

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Intérêt à privilégier les demandes

Quand je prends soin d’être dans les demandes avec mon enfant, je suis dans une intention de prendre soin de la relation. Je recueille son avis et prends en compte son état du moment. Nous sommes 2, nous communiquons. Je sors du rôle du « parent contrôlant et dictatorial ». Cela a pour intérêt de renforcer la coopération, la bonne relation, l’écoute mutuelle, la confiance, l’amour.

Si tu es un parent qui exige beaucoup, tu risques d’attiser la défiance chez ton enfant et de rater la découverte de la personne qu’il devient avec sa personnalité, sa spécificité, ses goûts.

Je t’invite à lire mon article sur les styles d’éducation, ainsi que celui sur les styles parentaux en fonction de ton type Ennéagramme.

Etre seulement dans la demande est-il une bonne idée ?

En pratiquant la CNV, un des écueils est de se dire qu’il ne faut formuler que des demandes.
Ainsi, l’enfant a plus de choix à faire le concernant sur ce qui est bon ou pas pour lui au quotidien.

Le fait d’agir ainsi peut être une conséquence de l’éducation et/ou des traumatismes vécus dans les générations précédentes (exemple: la mort d’un parent ayant entraîné un orphelin). Elle engendre la difficulté à prendre des décisions, faire des choix (pour soi et aussi pour ses enfants) et la volonté que l’enfant soit autonome (souvent plus tôt que son rythme).
Ce paragraphe pourrait ainsi enlever un certain poids de tes épaules car ce qui nous fait agir va souvent bien au delà de notre seul vécu.

Le risque est que le parent n’écoute plus ses propres limites (de temps, d’énergie), ses besoins, s’épuise ou finisse par en vouloir à son enfant.

L’enfant, malgré le côté « cool » d’une grande liberté, pourrait percevoir un manque de direction donnée par ses figures d’attachement, et souhaiter ne pas vouloir être une charge pour son parent (partir très tôt du foyer par exemple).

Vivre son insouciance d’enfant consiste à ne pas choisir pour des choix trop importants le concernant (vivre avec papa ou maman en cas de séparation, régime alimentaire, choix de santé et de scolarité). Ceux-ci concernent les parents…Même si je suis partisane de recueillir l’avis et le vécu de l’enfant en restant ouverte au changement !

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L’équilibre Demande-Exigence

L’exigence vue comme un cadre

En tant que parent, je pense que c’est ok d’être dans l’exigence, celle qui représente le cadre, tout en étant dans la douceur, la bienveillance et l’écoute pour rester dans l’ouverture et le dialogue.

Par cadre, j’entends les limites que je me fixe, et celles que je fixe pour mon enfant. Elles servent le respect de l’espace de chacun, la sécurité, l’apprentissage des règles de vie en société… Les particularités de celles-ci sont propres à chaque foyer familial.

Dans mon expérience, le bon dosage demande / exigence permet une vie commune plus sereine.

Etre clair.e sur là où tu te situes

Je rejoins le début de l’article sur mon expérience d’adolescente. J’aurais parfois tellement aimé recevoir une VRAIE demande (sans reproche par la suite) ou des exigences en étant écoutée sur ce qui était important pour moi aussi (sans que soit enlevée de la valeur à mon vécu ou ressenti).

Ce que je préfère faire avec mes enfants, c’est être claire quand je suis dans une demande ou une exigence. Cela demande selon moi une conscience accrue de ce qui se passe en soi (à chaque instant si j’ose dire, le fameux « instant présent »).

se situer exigence

Parfois, je dis le terme « je te demande de faire ceci ou cela » pour une exigence (au lieu de lui donner des ordres du style « fais ci fais ça ») mais en moi, c’est hyper clair. Au cas où ce n’est pas clair pour lui, je lui précise que c’est une exigence.

D’autres fois, je lui demande des choses sous forme de question avec un « ? ».
J’ai de plus en plus conscience en amont que s’il me dit « non », c’est ok pour moi. Même si c’est pour des choses qui me tiennent à cœur : de l’aide ponctuelle, le rangement des jouets, faire une chose rapidement.

Cela arrive que je grogne intérieurement quand il refuse car je n’ai pas d’autre solution sur le moment. Mais je préfère qu’il me dise NON et affirme ainsi sa personnalité, plutôt qu’il me dise OUI tout le temps à contre cœur ou par peur (d’être puni, moins aimé).

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Je garde donc l’exigence pour les choses vraiment importantes.

Baisser son niveau d’exigence, prendre soin des besoins respectifs

Quand ton exigence crée trop de résistance chez ton enfant, voici mes 2 idées :

  • Te demander si tu peux mettre du lest dans celle-ci et la transformer en demande (en acceptant le NON). C’est une invitation à revoir à la baisse ton niveau d’exigence.
    Par exemple, est-ce que tu peux lâcher le fait que tel soir, il mangera peu, qu’il n’ait pas de douche tous les jours pendant une période donnée si cela crée trop de tensions, le laisser choisir son vêtement même si tu le trouves mal habillé, qu’il fasse moins d’activités extra-scolaire si cela semble le fatiguer ? Etc.
  • En Communication Non Violente, on nous invite à rester ferme sur nos besoins respectifs, et à être flexibles sur les stratégies.
    Par exemple, si tu veux qu’il prenne une douche et lui non, au lieu de se disputer là-dessus, l’idée serait plutôt d’aller à la pêche aux besoins. Que se passe t-il pour lui quand il dit NON pour prendre sa douche ? Il se sent fatigué, il a besoin de repos rapidement. Que se passe t-il pour toi ? C’est important pour toi l’hygiène. Peut-être que vous arriverez à la solution (stratégie) que tu lui fasses une toilette de chat pour les parties du corps qui le nécessitent vraiment.

Au plaisir d’avoir un commentaire sur ce qui te parle dans cet article.

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9 commentaires

  • Alice

    merci pour cet article super utile pour aider les enfants à devenir des adultes sachant dire « non ».
    As-tu des conseils pour des adultes qui souhaitent dire « non » sans culpabiliser?
    MERCI

    • Bastienne

      Merci Alice 🙂 Peut-être que j’écrirai un article à ce sujet… Tu peux aller voir mon article sur la culpabilité, et « dealer » avec les 2 parts de toi, celle qui se sent mal de dire non, et celle qui veut dire non, écouter ce que chacune veut te dire 🙂

  • eric

    Osciller entre al demande et l’exigence … trouver le juste équilibre en tant que parent est un vrai travail sur soi … C’est un peu comme le Yin & le Yang, l’un peut exister sans l’autre et ils doivnt s’imbriquer harmonieusement … Merci pour ce bel article 🙏

    • Bastienne

      Oui, en effet, j’aime bien la vision yin yang que tu apportes; comme si la demande correspondait plus à une énergie yin, réceptrice, patiente et l’exigence une énergie plus yang, ferme et franche.

  • Anonyme

    Cet article est une révélation pour moi , merci!! Prendre conscience de cette distinction, et apprendre à être clair sa formulation pour l’autre, entre « c’est une demande et tu peux refuser » et « c’est une exigence (de besoin mais je peux être souple sur les stratégies pour y arriver) ». C’est une clé que je n’avais pas!!

  • Clémence

    Merci Bastienne d’avoir abordé ces notions clés de a relation parentale avec nos enfants et de nous avoir livré ta vision si éclairante !

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