Qu’est-ce que l’hygiène naturelle infantile ?
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L’hygiène naturelle infantile (l’HNI), est une pratique ancestrale au plus proche de notre nature d’être humain, de notre instinct. Cet article décrit en quoi elle consiste.
Personnellement, je l’ai mise en place pour mes deux enfants dès leur premier mois, âgés aujourd’hui de 2,5ans et 6,5ans. Pour notre 3e bébé à venir, mon petit défi personnel sera de tenter cette pratique pour les siestes et la nuit en plus !!
Qu’est-ce que l’Hygiène Naturelle Infantile ?
L’hygiène naturelle infantile est le fait d’écouter et de s’occuper des besoins d’élimination de notre bébé, dès sa naissance.
Au lieu de le laisser faire ses besoins naturels dans sa couche et de le nettoyer après, il s’agit de se connecter à lui, de communiquer avec lui sur ses besoins et de lui permettre de les éliminer en dehors.
Il s’agit d’une façon de vivre avec notre bébé, et pas une simple tâche à accomplir.
Ce que n’est PAS l’Hygiène Naturelle Infantile
Apprentissage précoce de la propreté
L’hygiène naturelle infantile n’est pas une méthode d’apprentissage précoce (ou pas) de la propreté, car il n’y a aucun apprentissage sur le fait de « se retenir » contrairement à l’apprentissage « classique » de la propreté.
A l’inverse, il y a simplement de la conscience et de la communication mise sur le besoin d’élimination, et l’apprentissage à « se détendre » et « relâcher ».
Le but n’est donc pas que l’enfant soit propre, il en est juste une conséquence naturelle.
Préparation à l’usage futur des toilettes
L’HNI n’est pas une préparation à l’usage futur des toilettes. De la même façon que le but de l’allaitement n’est pas le sevrage !
Encore un truc pour exiger toujours plus des enfants
L’intention n’est surtout pas de créer un modèle d’enfant qui soit le plus intelligent, efficace, et en avance sur tous, avec une logique de compétition en lui exigeant toujours plus.
Un bref historique s’impose !
Il me semble hyper important de parler de l’historique de l’HNI, et de ce qui s’est fait par le passé en matière d’apprentissage de la propreté afin d’éliminer les idées reçues.
En effet, quand j’ai dit à ma mère que je pratiquais l’HNI avec mes enfants, elle n’a sans doute rien osé me dire pour le premier, mais avec mon 2e fils, elle s’imaginait que je lui enfonçais un doigt dans l’anus ou que je le laissais de longues minutes sur le pot jusqu’à ce qu’il fasse!! 😲
L’inconscient collectif est vraiment marqué par les abus qui ont été pratiqués sur plusieurs générations de bébés !
– Lorsque sont apparus les premiers livres sur la parentalité, il était conseillé aux mères de laisser l’enfant tôt sur le pot, vers 2-3mois. Avant cela, elles savaient probablement comment faire… Ces conseils étaient basés sur un emploi du temps rigide, fait pour arranger les parents.
– A partir des années 20-30, des méthodes coercitives ont vu le jour, pour forcer les bébés à être propre entre la naissance et 6-8 mois. Le but était de libérer la mère du souci que c’était d’être mère plutôt que de renforcer le lien mère-enfant. Comme ces méthodes étaient assez rudes, cela a vraiment marqué les esprits et il y a eu un lien fait entre « précocité » et « dangerosité ».
– Et puis est arrivé T. Berry Brazelton. Sa pensée était qu’il fallait laisser aller l’enfant à son rythme et ne pas le brutaliser (ce qui en soi, a été une bonne chose !), et que les bébés ne pouvaient avoir ni conscience ni contrôle sur leur élimination, qu’ils ne pouvaient pas communiquer à ce sujet avant de savoir parler. Mais aucune étude n’avait été faite pour prouver ces dires, finalement basés sur de simples hypothèses. Pour lui, les bébés ne pouvaient commencer à être prêts qu’à partir de 18 mois. De là est née l’idée que l’enfant ne peut être propre tant qu’il ne contrôle pas ses sphincters.
On notera également que les publications scientifiques de Brazelton dans Pediatrics étaient également signées par les dirigeants de Proctor & Gamble, qui est le plus gros fabricant de couches jetables (Pampers). Brazelton apparaissant également dans les publicités pour les couches. On peut se demander si ce lien d’intérêts financiers aurait pu biaiser ses études. Un peu comme le lobbying agroalimentaire des préparations commerciales pour nourrissons qui s’infiltre dans les maternités (voir à ce sujet mon article sur le lait maternel//lait maternisé), cela éveille les soupçons en moi !
– Il y a également eu la méthode de Azrin et Fox en 1974 qui prônaient une méthode d’apprentissage de la propreté basée sur un entraînement intensif pendant un temps défini, mais qui a été ensuite plutôt considéré comme de l’abus physique.
– Pour finir, il y a eu la méthode « attendons et voyons ce qu’il se passe » en mettant un pot à disposition de l’enfant, en espérant qu’il comprenne tout seul.
Les trois dernières méthodes ont été employées après un long usage des couches, avec la théorie que l’enfant ne peut pas être mature avant un certain âge.
Postulats de base de l’hygiène naturelle infantile
La question à se poser est : Pourquoi le bébé serait-il conscient et ferait-il connaître tous ses besoins fondamentaux excepté celui de l’élimination ?
– Les bébés sont conscients de leurs besoins d’élimination. Si on leur en donne l’occasion, ils peuvent contrôler leur élimination et le font volontairement.
– Ils peuvent et veulent communiquer de façon non-verbale, à un niveau émotionnel et sensoriel sur leur élimination, et n’ont pas besoin d’attendre de pouvoir verbaliser ou de comprendre de manière logique leurs besoins.
– Un bébé dont on ne comprend ou ne répond pas aux besoins d’élimination finit par les oublier, les ignorer ou s’en dissocier.
– La maturité dépend de facteurs socioculturels et non physiologiques ou neurologiques.
– Physiologie de l’élimination : les bébés ont cette capacité à détendre leurs sphincters externes consciemment et volontairement pour libérer l’urine accumulée. L’HNI encourage la conscience de cet apprentissage de l’élimination, et la capacité à libérer ; et non à contracter, contenir ou ralentir. Pour une continence complète, il faut maîtriser les 2.
Dans quel but pratiquer l’hygiène naturelle infantile ?
Comme toute pratique, tout dépend de l’intention !
Pour l’HNI, l’intention est différente selon les individus, mais la plus saine serait celle de répondre aux besoins de l’enfant ! En l’occurrence, il s’agit de son besoin d’éliminer son urine et ses matières fécales loin de lui-même.
Avoir cette intention permet de garder le cap du respect de l’enfant (en cas de « loupés » par exemple) et d’être sans attente de résultat (sur l’enfant et sur nous-mêmes, parents), contrairement aux autres raisons qui peuvent amener une certaine pression.
Voici les autres raisons à la pratique de l’HNI :
– Viser l’autonomie (vis à vis des couches), il y a ainsi un gain de confort matériel et logistique.
– Bénéfices pour le bébé : écouter ses besoins, éviter les désagréments liés à l’usage des couches…
– Bénéfices pour les parents : avoir moins de travail sur le long terme, un lit sec, etc
– Faire des économies, car que ce soit pour les couches jetables ou lavables, il y a un coût non négligeable.
– Respecter l’environnement en réduisant les déchets induits par les couches
Le problème avec les couches…
Bien qu’elles facilitent la vie des parents, les couches amènent leur lot de désagréments. En voici 4 principaux :
– Le bébé qui a ignoré ses besoins d’élimination pendant des mois voire quelques années, aura plus de difficulté pour s’y reconnecter au moment où on lui dira que « maintenant il doit être propre ».
– Plus de 60% des bébés souffriraient d’un érythème fessier avant d’acquérir la propreté. Une estimation dit que 35% des bébés portant des couches en souffriront un jour ou l’autre. Ce sont des petites plaques rouges, ou des ampoules, voire des plaies ouvertes suintant du pus.
Certains enfants y sont plus sensibles que d’autres, malgré la vigilance des parents.
Personnellement, nous utilisions des couches lavables en parallèle de la pratique de l’HNI, et mon fils aîné a souffert à quelques reprises d’érythème fessier, sur les testicules.
En cause : le fait de rester dans l’humidité et les selles, les réactions aux produits présents dans les couches, le frottement de la couche sur la peau.
– Problèmes de digestion (coliques) dus au fait que son abdomen soit toujours compressé par une couche. Le fait de ne pas pouvoir se mouvoir aussi facilement avec une couche peut entraîner ce genre de problématiques.
– Les difficultés et conflits autour du change, que presque tous les parents connaissent un jour ou l’autre : bébés ne voulant pas être changés ou rester immobile pour l’être, d’autres ne voulant pas porter de couches mais n’ayant aucune conscience de leur besoin d’élimination, les pipis au lit après 4 ans, un « attachement » de l’enfant à sa couche alors qu’il n’en a plus besoin, constipation et rétention de selles, etc.
8 bonnes raisons de pratiquer l’hygiène naturelle infantile
Savoir que l’hygiène naturelle infantile existe pourrait déjà être un facteur déclenchant pour essayer ! Tu rajoutes à cela un peu de curiosité, d’ouverture d’esprit, une touche de nouveauté et quelques arguments logiques, et tu te lances carrément ! 😉
1- Nous connecter à notre nature
Ce qui se fait communément n’est pas forcément quelque chose de naturel.
Nous, les occidentaux, avons développé une théorie « l’hygiène naturelle infantile » sur ce que certains peuples du monde entier pratiquent naturellement dans leur maternage sans le définir. C’est en lisant le livre Voyage en Terre Inconnue à mon fils de 6,5ans que j’ai bien réalisé ce fait-là : j’imagine mal les peuples nomades de Sibérie mettre des couches jetables (et même lavables) à leurs nourrissons ! Il faut bien qu’ils s’y prennent autrement ! Mais je ne peux que faire des hypothèses car ils n’abordent pas ce sujet.
Pratiquer l’hygiène naturelle infantile est donc un moyen de retrouver notre nature profonde d’être humain, qui retrouve ce qu’il a toujours su faire avant l’invention de produits qui l’ont tranquillement déconnecté.
C’est se connecter aux rythmes naturels de l’être humain, c’est apprécier le corps humain et ses capacités (dès le plus jeune âge), c’est se dépouiller des possessions et des besoins matériels (en remplaçant « de quoi ai-je besoin ? » par « de quoi n’ai-je pas besoin ? »).
D’ailleurs, petite parenthèse parallèle : j’avais découvert il y a plusieurs années le flux libre instinctif, sans m’y mettre. Et voici que ce sujet revient à moi, et que je souhaite m’y mettre dès mon retour de couches après la naissance de ma bébée. Tu peux d’ores et déjà te procurer cet excellent livre de Mélissa Carlier que j’ai à peine commencé « Le guide du flux libre instinctif ».
Que ce soit pour les besoins d’élimination de nos bébés comme de notre sang menstruel, nous avons finalement beaucoup à réapprendre pour gagner en simplicité et en autonomie !!
2- Écouter les besoins de nos bébés
La différence entre la vieille méthode occidentale conventionnelle et l’hygiène naturelle du bébé est que cette dernière ne remet pas à plus tard la prise en main de ce sujet par votre enfant. Cela ne lui enseigne pas qu’il est normal d’être assis dans une couche humide ou souillée maintenant mais que lorsqu’il aura atteint un certain âge, cela deviendra tout à coup tabou.
Sans couches, c’est la liberté ! Ingrid Bauer – passage p.61
Répondre aux besoins d’élimination du bébé revient à prendre soin qu’il soit au sec, au chaud, confortable, avec une peau saine ; à lui amener la conscience de son corps et de ses parties génitales, de sa propreté.
L’HNI répond également aux besoins de proximité, d’intimité, de sensibilité à l’autre, de conscience et de communication.
3- Renforcer le lien d’attachement et avoir une relation de qualité avec notre bébé (via la communication et la coopération)
La pratique de l’HNI va de pair avec un contact physique rapproché, qui lui, nous permet d’être plus naturellement connecté pour « sentir » intuitivement si bébé a besoin d’éliminer. Le contact est aussi un besoin fondamental qui amène confiance, sécurité et joie.
Pratiquer l’HNI permet aussi d’apprendre à connaître ce petit être et à communiquer avec lui, d’être dans l’écoute mutuelle. Cela ne peut que conduire à de la coopération, et à une relation plus sereine lorsque bébé grandira.
4- Prendre confiance en soi, devenir autonome
Quelle joie de recueillir le premier pipi ou la première selle, de voir que « ça marche ! » alors qu’il n’a que 2 semaines 😀
C’est super valorisant en tant que parent car on retrouve notre potentiel intérieur de connexion à nous, et à notre enfant. Et ainsi, on donne moins de pouvoir aux experts extérieurs, à Pampers ou au regard des autres.
Personnellement, l’autonomie est un facteur important me concernant. Dans l’optique d’un futur voyage, partir le plus léger possible est une motivation supplémentaire.
5- Pratiquer l’hygiène naturelle infantile en enlevant progressivement les couches
C’est en lisant le blog de Natacha et en échangeant avec elle que j’ai réalisé que l’on pouvait pratiquer l’HNI même en gardant partiellement l’usage des couches. Ma première lecture à ce sujet (je ne me rappelle plus l’ouvrage) et le livre d’Ingrid Bauer sont à l’inverse plus tranchés et invitent à s’en passer le plus possible. Il est évident que plus l’enfant en porte, moins cela fonctionnera, mais on peut s’autoriser à y aller progressivement, à notre rythme, en se respectant.
6- Investir son temps pour ce sujet d’une autre manière
En fait, ce que tu vas investir, c’est du temps et de la présence, de l’amour quoi !
Que tu le fasses avec l’apprentissage classique de la propreté ou avec l’hygiène naturelle infantile, dans tous les cas, tu devras apporter cela.
La différence réside surtout dans le « comment » et le « quand ».
Je ne pense pas que l’HNI demande plus de temps en soi. Elle ajoute un besoin fondamental dès la naissance auquel on n’avait pas pensé. Mais ce sujet serait apparu à 2/3ans avec un apprentissage classique de toutes façons. Et avec plus ou moins de difficultés selon les enfants.
7- Faire des économies
Selon ton train de vie, tu seras plus ou moins sensible à cet argument. Mais bon, en pleine récession économique, je pense que cet aspect n’est pas négligeable !
8- Se donner l’objectif de vivre « O déchet »
De plus en plus de familles réalisent l’impact de leurs déchets sur l’environnement. Il est vrai que lorsqu’on comptabilise réellement la quantité de poubelles que l’on produit, cela peut sacrément nous surprendre et nous pousser à consommer moins et mieux. Et les couches font partie de l’équation.
Pour notre fils aîné, c’était une motivation importante.
La nuit, il portait des couches lavables. Yeah !! Nous y étions arrivés ! Par contre, les couches fuitaient souvent, et je le changeais la nuit !
Pour notre 2e, mon exigence a diminué, j’ai privilégié mon sommeil et nous avons opté pour des couches jetables la nuit, et des lavables aux siestes.
Le respect de l’environnement reste important pour nous, et il est vrai que cela penche dans la balance pour tenter de faire autrement la nuit avec le 3e enfant à venir.
Maintenant que tu as un aperçu général de ce qu’est l’hygiène naturelle infantile, je t’invite à passer à l’article qui t’explique comment faire en pratique !
Connaissais-tu ?
Est-ce que ça te donne envie d’essayer ?
Sources :
– Le livre Sans couches, c’est la liberté d’Ingrid Bauer
– Le blog de Natacha Fourrageat www.heureux-sans-couches.com et son ebook
– Mon expérience personnelle
5 commentaires
Marie de karma-sante.com
Je ne connaissais absolument pas l’Hygiène Naturelle Infantile, mais à y réfléchir, c’est vrai qu’il y a beaucoup de peuples qui n’ont pas les mêmes conditions que nous, et ou il est logique que les couches n’existent pas.
On ne se pose pas assez de questions alors !
Claire
Merci pour cet article! J’ai toujours été dubitative face à l’HNI mais ton article m’apporte un nouveau regard! Je ne suis pas sûre que j’aurais su apporter cela à mon enfant mais c’est une expérience très intéressante et qui me fait me poser beaucoup de questions!
Bastienne
tant mieux! c’est le but 🙂
Mélissa
Bonjour,
Je tombe sur cet article et ça me fait bien plaisir, je ne trouvais plus d’informations valables pour conseiller les personnes à qui je parlais d’HNI. J’ai découvert le blog de Natacha à la fin de ma premiere grossesse (mais il n’existe plus ?) et avec mon compagnon on s’était dit pourquoi pas essayer et si ça ne nous va pas on fera avec des couches lavables. On a commencé l’HNI quand ma fille a eu une semaine, la première semaine je m’étais consacrée au démarrage de l’allaitement et la découverte de ce que c’était que de devenir Maman. On a été conquis et n’avons jamais mis de couche à notre fille. La nuit elle était sur des alèses lavables. Elle a été propre à 16 mois et ça faisait déjà qq temps qu’elle disait clairement quand elle voulait aller sur le pot.
Mon deuxième enfant a 1 mois et demi et nous avons commencé l’HNI le lendemain de sa naissance et tout va bien. Il y a des accidents bien sûr mais à cet âge ça n’a pas vraiment de conséquences (pas d’odeur, pas d’aureoles une fois que ça a séché sur nos vêtements) et une peau des fesses toute douce en permanence ça vaut beaucoup ! Plus tous les avantages cités plus haut.
Bref j’en parle autour de moi au maximum pour faire connaître le principe au moins. Mon gros avantage dans notre situation c’est que nous n’avons pas fait appel à la crèche ou à une nounou et avons pu faire l’HNI sans se soucier de comment faire sur les temps de garde. Les mamies ont découvert l’HNI et ont été très fières d’y arriver aussi, c’était pas si compliqué finalement ! Elles en ont parlé aussi autour d’elles du coup.
Ça serait chouette que ça soit plus connu et que les parents puissent avoir le choix.
Bastienne
Merci beaucoup pour ton témoignage ! J’adore voir que cette pratique prend de l’ampleur…revenir à des pratiques plus naturelles ! Et c’est super que les grands-mères aient été ouvertes à écouter les besoins d’élimination de vos enfants ! Avoir le choix nécessite en effet d’avoir l’info ! Si tu souhaites diffuser mon petit livret à petit prix welcome ! Il résume les principaux livres et mon retour d’expérience. https://parents-enfants-connectes.com/produit/le-guide-de-lhygiene-naturelle-infantile/ Bien à toi !