Périnatalité & petite enfance

Terrible Two, comprendre et traverser cette phase 

La phase du « terrible two », où en est l’enfant dans son développement ?

Voyons la période du « terrible two » comme allant de 18 mois à 2 ans. 

On l’appelle ainsi car le petit enfant est en proie à des frustrations intenses. Il pleure, crie, mord. Il veut décider, s’affirmer.

C’est une phase de différenciation, et non d’opposition. Il est en train d’exprimer par ses multiples « NON » qu’il n’est pas le prolongement de son parent, qu’il est en train de construire sa propre identité. Il veut montrer qu’il existe, vérifier qu’il a sa place et est accepté dans son identité unique, différente de celle de ses parents, sans aucune intention de faire du mal à l’autre. 

C’est également l’âge où il commence à s’occuper de « ses petites affaires », de ce qui est à lui : la défécation. Bien que l’on puisse pratiquer l’hygiène naturelle infantile dès la naissance en prenant en compte son besoin d’élimination, vers 2 ans, il acquiert ce « pouvoir » de faire ou non plaisir à sa mère en retenant ou en éliminant ce qui est à lui.

C’est une période pendant laquelle il expérimente beaucoup sa coordination motrice et où son besoin d’ordre est accru (chaque objet doit être à sa place (les chaussures dans le meuble, le papier froissé dans la poubelle etc)).

La vision du Design Humain : ce que ça peut changer pour le « terrible two »

Le Design Humain m’a aidé à comprendre pourquoi il y avait une différence d’intensité dans la phase « terrible two » entre mes 2 garçons. Mon cadet a dans son design le canal 39-55 avec la porte 39 de la « provocation ». Comme son nom l’indique, elle provoque des réactions émotionnelles chez les autres et lui permet de faire le tri entre les personnes qui résonnent avec elles ou non. Chez lui, cela le fait passer de clown à dragon, à chercher la limite dans le sens « qu’est-ce que ça déclenche chez l’autre si je fais ça ? ». C’est une énergie qui pique.

Moi qui ai la même configuration dans mon design, cette part de moi s’exprime parfois avec un style « avocat du diable ». C’est une douce provocation dans laquelle je donne mon avis sur un sujet et la personne en face se dévoile dans le fond du sujet comme dans la façon qu’elle a de l’exprimer ! Cela me permet d’avoir une idée de qui j’ai en face et de lui accorder ou non ma confiance. Ce comportement fait beaucoup penser au type 6 de l’énnéagramme, je suis en type 9, mais ces deux-là sont proches 😉 Pour en savoir plus sur l’Ennéagramme, tu peux lire l’article correspondant et/ou réaliser le test pour savoir où tu te situes.

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A proscrire

Quand notre petit de la tranche d’âge du « terrible two » fait une « bêtise », qui n’est en réalité rien d’autre qu’une expérimentation, punir, faire les gros yeux, taper sur les doigts et faire la morale est contre-productif, inadapté à ses capacités biologiques, délétère pour son développement et casse la confiance parents-enfants.

De la même façon, lui expliquer les choses pour lui « apprendre », c’est à dire, commencer à « l’éduquer », est contre-productif. En effet, ses circuits neuronaux du cortex pré-frontal étant encore immatures, il est incapable d’intégrer et de respecter une règle, et cela encore bien au delà de l’âge de 3 ans.

Préalable : Accepter le NON de son enfant revient à l’accepter tel qu’il est

identité terrible two

Lui dire NON et accepter son NON, cela revient à lui dire notre (pré)NOM et à accepter son (pré)NOM, car le NON est une histoire de respect de l’identité de chacun.

Dire NON, c’est dire OUI à autre chose, quand je dis NON à l’autre, je me dis OUI à moi-m’aime. 

Et savoir dire NON une fois adolescent et adulte, c’est très important ! Combien de personnes adultes ne savent pas dire NON, donner un avis différent de manière calme et posée et ne savent pas se respecter et affirmer qui elles sont ? Toutes les personnes qui entrent en conflit au moindre désaccord, qui ont un problème d’identité, qui sont transparentes ou se cachent ou à l’inverse qui se font toujours remarquer, qui sont intrusives … sont concernées par l’apprentissage du NON. 

Accepter le NON de l’autre permet d’entrer en désaccord, de dialoguer, sans être remis en question dans notre identité ni créer des conflits inutiles. 

Accepter le NON fera que je pourrai me dire NON à moi-même adulte, en me posant mes propres limites (et ainsi ne pas me mettre en danger).

Donc quand mon enfant me dit NON, j’ai tout intérêt à accepter qu’il soit différent de moi. Il ne faut pas chercher à le changer, à en faire son « clone », à le comparer à d’autres. Ainsi, on lui permet d’exprimer sa personnalité.

Voici 4 étapes pour sortir gagnant/gagnant d’une période « terrible two » :

1- Répondre aux besoins de l’enfant (dont son réservoir affectif)

Dès que l’enfant dit NON, refuse ce qu’on lui propose ou impose, il a un besoin derrière

  • Cherchons le besoin en question dans la situation ! Tentons de l’identifier ! 
  • Rappelons-nous qu’il a ce besoin de se différencier de nous et que son cerveau est encore immature (voir article sur la parentalité positive)!
  • Respirons ! 
  • Agissons ! (toutes ces actions peuvent se faire dans un autre ordre que celui indiqué là)

Un exemple vécu chez nous : 

Notre petit chérubin, fin de journée, prend un bâton et se met à taper sur les murs, sur nous et à se rapprocher dangereusement de sa petite sœur d’un mois, en nous regardant en souriant l’air de dire « attention, je vais la taper ».

Evidemment, la première chose à faire est de se protéger (lui et nous) en lui disant clairement non, et en remettant le bâton à sa place (c’est à dire dehors). Mais ça ne suffit pas à faire reculer la bête !

La deuxième chose que l’on peut faire est de voir que son comportement nous montre qu’il a des besoins insatisfaits (faim, affection, attention, présence, décharge émotionnelle…). 

Donc on peut remplir son « réservoir affectif » , notion abordée par Isabelle Filliozat. Dans ce cas, je lui propose de faire quelque chose avec lui (lire un livre, jouer à un jeu, lui faire un câlin, faire des chatouilles etc) ou de combler son besoin physiologique (la faim par exemple).

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2- Etre souple sur les stratégies – trouver des alternatives

Ma deuxième astuce face au « terrible two » est de rester souple sur les stratégies. En Communication Non Violente, les stratégies sont la manière concrète de vivre et combler nos besoins. 

Par exemple, ton chérubin ne veut pas s’habiller ce matin-là. 

Pour un besoin de chaleur corporelle que l’on ne lâche pas, on peut avoir différentes stratégies : vêtir l’enfant, le laisser nu dans une pièce bien chauffée, l’envelopper dans une couverture, qu’il choisisse ses habits lui-même, qu’il diffère l’habillage dans le temps (après le petit déj’ et pas avant) etc.

Plus on met de la souplesse et de la marge de manœuvre dans les stratégies, moins l’enfant entrera en confrontation de manière systématique. 

Cela revient à trouver des alternatives.

De même, je pense que si on lui dit OUI à de nombreuses reprises (quand c’est possible bien-sûr), le jour où on lui dit NON, il y a plus de chances que notre NON soit accepté

Et pour que ça roule au quotidien, voici quelques astuces pour mettre en oeuvre ces alternatives : 

  • Eviter de lui donner un ordre, et préférer les questions qui favorisent la réflexion et la maturation de son cerveau cortex.
  • Offrir des choix serrés « le manteau gris ou bleu ? », le faire décider pour des petites choses afin qu’il soit acteur « JE ».
  • Installer des routines, et ainsi éviter les conflits pour les gestes répétitifs du quotidien. Cela peut se faire par des petites affiches. Mais ce qui marche le mieux, c’est d’être soi-même régulier en tant que parent, en montrant l’exemple

3- Etre calme et patient, se donner le temps

Ce troisième point découle des 2 premiers points. 

Plus on est calme intérieurement et patient, moins cela dégénèrera. 

Choisir des stratégies alternatives et rester calme en disant NON demande une dextérité intérieure et du temps!

C’est peut-être le point le plus difficile à mettre en oeuvre !

Mais si l’on y pense bien, prendre le temps en amont permet d’en gagner si l’on avait agit en mode automatique.

Voici quelques astuces : 

  • Respirer
  • Se voir comme une montagne solide et stable (qui ne s’éboule pas). 
  • Décrire ce que l’on voit comme action de sa part qui nous dérange, avant de le gronder, se rappeler qu’il expérimente, et transformer ce qu’il fait en occasion d’apprentissage (par exemple : rangement des jouets).

4- Accueillir l’émotion de notre enfant avec empathie

Contrairement au point 2 qui est de rester souple sur les stratégies, il y a aussi de nombreuses fois où l’on ne peut pas négocier ni attendre pour de multiples raisons.

On choisit pour lui, il n’est pas content et revendique fort son besoin de liberté et d’autonomie !

Quand on est exigeant en imposant notre solution/choix et en disant NON, cela va générer de la frustration, de l’énervement etc. L’enfant a le droit de le ressentir. Donc au lieu de le punir encore une fois pour un « mauvais comportement », l’idée est d’entendre ses émotions en le contenant ou en gardant un contact physique. 

Avec les mots

On peut reformuler son émotion, tenter de la deviner et lui poser une question fermée : « es-tu en colère car tu aurais voulu plus de temps pour faire …? ».

Souvent, le fait d’être pleinement entendu apaise l’enfant sans qu’il ait à combler le besoin initial.

Je t’invite à lire cet article qui parle des 3 postures que l’on a dans un dialogue, issues de la Communication Non Violente (CNV).

Et voici également un article avec une présentation de diverses ressources sous forme de jeux et de cartes pour enrichir le vocabulaire émotionnel de la famille.

Avec notre posture physique

Ensuite, il y a le cas où l’enfant dit non à tout, refuse toute proposition. Je vois ce comportement comme le syndrome du « biscuit cassé » comme le nomme Aletha Solter. Au moment où j’écris cet article, mon petit en âge du « terrible two » se réveille de la sieste, il me dit que ses oreilles le gênent. Je lui propose de lui laver les oreilles, il ne veut pas. Je veux l’habiller car il est malade, il ne veut pas et râle. 

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Autre exemple : Je lui sers une mixture avocat/banane. Il ne veut pas manger car il veut que je lui en serve plus. C’est typique du syndrome du biscuit cassé.

Une autre fois encore, il veut manger de la purée de cacahuète sur sa tartine, mais refuse que ce soit du pot entamé, veut que ce soit le pot neuf. Et il se met à pleurer fort.

Le commun des mortels appelle cela un caprice. Moi, j’appelle cela comme Aletha Solter : « le biscuit est cassé et c’est le drame ». Rien de ce que je lui propose ne va, et rien ne va !

En plus de la fatigue due à son état, j’y vois là le signe d’un besoin de décharge émotionnelle (qu’il tentait de réprimer en prenant ses doudous en dehors du lit). 

La décharge émotionnelle est un processus physiologique vital que l’on peut apprendre à déceler et accompagner chez notre bébé dès sa naissance. Cela facilite ensuite les périodes de fortes intensité émotionnelle lorsque l’enfant grandit, le « terrible two » et après également. 

Je décris davantage ce processus dans l’article « Pleurs des bébés, quoi (ne pas) faire ? »

Dans ce cas, je me rends disponible pour l’écouter pleurer et crier, en enlevant ses doudous, qui lui font réprimer ses pleurs, en le prenant sur mes genoux, en le contenant physiquement avec douceur. Il peut se mettre à pleurer intensément. Je ne cherche pas à l’arrêter, au contraire, je favorise la décharge, mais avec bienveillance pour créer de la sécurité (donc sans être énervée, sans reproche). 

Et puis ensuite, il repartira faire sa petite vie tranquille. Ou bien il sera fatigué et voudra aller dormir. Ou encore, il se peut qu’il n’ait pas complètement fini de décharger car un autre besoin (comme la faim) se fait entendre et ce sera donc partie remise.

Quand je n’ai pas d’espace intérieur

Personnellement, je n’ai pas toujours l’espace pour l’accueillir avec calme et douceur. Mais en moi, je reconnais que c’est vraiment ok qu’il vive ce qu’il vit. Je peux m’aider de :

  • la respiration
  • me dire que l’émotion de mon enfant et la mienne vont passer, comme toute émotion. C’est une manière de prendre instantanément du recul et de la hauteur face à la situation et de retrouver son calme.
  • Passer le relais à l’autre adulte référent (s’il est là) et qui a si possible la même conception de l’éducation.
  • Quand je suis seule et/ou que les autres enfants sont en demande et/ou que je n’ai vraiment pas l’espace intérieur, je reste en silence pour prendre soin de mes petites ressources. Je permets à mon enfant de s’exprimer (pleurer, crier) mais je ne l’accompagne pas physiquement.

J’espère que cet article te permettra de vivre cette période du « terrible two » plus sereinement ! Je t’invite à faire passer l’article à des parents en difficulté autour de toi.

Sources: 
J’ai tout essayé – Isabelle Filliozat
Formation « Pratique en épigénétique méthode Noguès »
Pleurs et colère des enfants – Aletha Solter
Mon bébé comprend tout – Aletha Solter

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Un commentaire

  • Cocon de Sommeil

    Ton article est très complet Bastienne, bravo! Je n’ai pas encore d’enfant mais je n’hésiterai pas à le relire au moment venu. En tout cas, tu expliques et détailles bien chaque rubrique, j’ai pris du plaisir à le lire 🙂
    Merci à toi de partager toutes ces connaissances !

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